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Entreprise

Disneyland Paris : pourquoi Mickey fait grève

Débrayages, actions "coup de poing, grève" : la CGT joue l'opposition systématique contre la direction et tente depuis septembre de mobiliser les salariés. Les autres syndicats ne la suivent pas et dénoncent un coup de force.

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Des touristes photographient les grévistes de Disneyland Paris, le 10 novembre 2021.

La CGT, qui tente de mobiliser les salariés, n'a pas rallié les autres syndicats.

G. Echelard/ Challenges

Débrayages, actions "coup de poing", grève: la CGT tente depuis septembre de mobiliser et d'alerter sur la "fatigue" des salariés de Disneyland Paris, quand d'autres syndicats se désolidarisent de cette stratégie, motivée selon eux par des enjeux de pouvoir. Avant les fêtes de fin d'année puis le 30e anniversaire du parc d'attractions, "les salariés sont épuisés moralement et physiquement", expliquait récemment Fabien Beiersdorff, responsable local de la CGT, lors d'un troisième débrayage depuis octobre à Chessy (Seine-et-Marne), à l'est de Paris. "Ce sont des métiers pénibles, les employés n'ont plus de vie personnelle. On constate une hausse des arrêts maladie, des dépressions, des démissions. On a lancé deux alertes sociales en juillet", a-t-il poursuivi.

Pèle-mêle, il déplore la nouvelle organisation du travail et les "horaires adaptés", qui permettent à la direction de faire travailler les salariés entre 4,5 et 9 heures par jour sans grande visibilité dans la planification ni prise en compte des contraintes personnelles, selon lui. Cet accord, la CGT l'a signé à l'été 2020. "Mais à l'époque, on avait obtenu des garanties", notamment sur le maintien de l'emploi, et l'accord d'activité partielle longue durée (APLD) de janvier "a tout cassé", se justifie le syndicat.

Pour l'élue CFE-CGC Dorothée Argence aussi, "les salariés sont fatigués. Cet été, il n'y a pas eu de recrutement, c'était la contrepartie pour qu'il n'y ait pas de licenciements". D'autant qu'une rupture conventionnelle collective initiée avant l'apparition de la crise sanitaire s'est soldée par le départ d'un millier d'employés.

Contactée par l'AFP, la direction explique que la fatigue, après des mois d'inactivité forcée, découle de la brutalité d'une reprise sans grands repères et assure que la nouvelle organisation vise à "mieux encadrer les flux et les pics d'activité et à recruter des profils en CDI et non en CDD". "Depuis la réouverture en juin, 80% des personnes ont travaillé entre 6 et 8 heures par jour et plus de 85% des salariés ont eu deux jours consécutifs" de repos hebdomadaire, assure l'entreprise, qui met aussi en avant des centaines de recrutements en CDI cet automne et l'engagement de garantir "jusqu'à 3% d'augmentation annuelle à nos salariés". Les hausses salariales ont d'ailleurs été saluées par les syndicats, à l'exception de la CGT (2e organisation derrière la CFDT), et de nouvelles négociations sur le temps de travail doivent s'ouvrir début 2022.

La CGT à la manoeuvre

"C'est vague, la direction reste sourde et muette", juge pourtant M. Beiersdorff, qui vise une grève massive "pour les vacances de Noël". Le mouvement social semble pour l'instant circonscrit, à l'image de la trentaine de militants en chasubles rouges rassemblés mercredi dernier avec sono et klaxons devant l'entrée du parc, gardée par un dispositif plus impressionnant de vigiles et policiers. Les autres organisations assurent que la base n'adhère pas à ce mouvement, certaines voix n'hésitant pas à dénoncer les initiatives de la CGT.

"Toute cette excitation et la manipulation des salariés n'a d'autre but que de permettre le retour de l'ancien secrétaire CGT du CSE, qui veut revenir dans l'entreprise et reprendre le pouvoir", juge Djamila Ouaz, de la CFDT. Sans le nommer, cette élue vise Amadou N'Diaye, accusé de détournement de fonds, licencié en novembre 2017 puis relaxé au printemps en appel et revenu depuis au grand jour, sans être réintégré.

"C'est de nouveau lui qui tire les ficelles", dénonce un représentant de l'Unsa, qui accuse la CGT de "bousiller le climat social" en s'opposant systématiquement à la direction. "J'ai le droit de revenir exercer le métier que j'avais avant", se défend M. N'Diaye. "On dit de se méfier de moi mais on fait un amalgame. Le malaise est réel". "S'il y avait un vrai problème de conditions de travail, toutes les organisations syndicales seraient liées", répond l'élu UNSA. "Mais attention, l'entreprise peut devenir méchante! Les Américains n'aiment pas que tout soit déballé", prévient-il, alors que la CGT vient d'annoncer un nouveau mouvement pour le 9 décembre.

 

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